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Boris Cyrulnik

 

Je ne savais pas que l'autobiographisme pouvait exister. Je découvre qu'on prédit avec des tableaux ce que nos mots ont tant de mal à dire.

Quand la souffrance est insidieuse et qu'elle donne à la vie un goût de tragédie, on doit la transformer en œuvre d'art, si l'on veut la supporter. On dévoile alors une étrange beauté où les corps mécaniques démasquent une énigme.

Que veulent dire ces visages où chaque muscle donne forme à un sentiment ? Pourquoi ces corps nus blottis dans un coin d'une chambre d'isolement ?

On ne peut pas ne pas donner sens à ce que l'on voit : le moindre clignement est un indice, la petite posture révèle une émotion enfouie, la couleur d'un maquillage hurle un secret inavoué.

Quand Dominique Renson évoque sa peinture barbare, elle nous confie que sa férocité est la conséquence de notre civilisation, la ville peut être, à l'opposé de la sauvagerie.

Sa peinture nous met en position de voyeurs d'âmes.

Et c'est bien agréable.

 

Mai 2007.